Des Plans de Déplacement d’Entreprise, pourquoi faire ?

L’urgence climatique impose d’explorer toutes les pistes de réduction de nos émissions. Le transport, qui représente plus du quart des émissions nationales, est un secteur particulier, en ce que les décisions qui conduisent à ces émissions sont extrêmement diffuses : chaque personne choisit, parfois plusieurs fois par jour, quel transport elle utilise pour ses déplacements. Comment influencer ces décisions pour les rendre moins émettrices, tout en préservant la liberté de choix du lieu de résidence et la flexibilité nécessaire à la vie économique ?

Une idée assez naturelle est de travailler sur les grands flux de déplacements, comme les déplacements domicile-travail : qui n’a rêvé, pris dans un embouteillage, d’un mode de transport ou d’un aménagement du territoire différents lui évitant ce sentiment d’être prisonnier d’une situation absurde et polluante ?

Percevant l’urgence climatique, incitées par des opportunités comme le déplacement d’un site important, ou pressentant l’imminence de la contrainte réglementaire, plusieurs entreprises membres d’EpE se sont déjà lancées dans des Plans de Déplacement d’Entreprise (PDE). A l’heure où la loi LAURE va obliger certaines entreprises à élaborer un PDE, et après le Grenelle de l’Environnement qui a sensibilisé non seulement les Ressources Humaines mais les salariés eux-mêmes, le terrain est favorable à aller plus loin et plus vite dans cette direction. C’est pourquoi il nous a semblé utile de faire partager ces premières expériences.

Trois points ressortent de ce document.

  • Tout d’abord, un PDE ne réussit dans le long terme que si les alternatives à la voiture individuelle offertes aux salariés sont moins coûteuses, et surtout d’emploi plus facile.
  • Ensuite, un PDE est un projet complexe dont le succès repose sur la mobilisation de nombreux acteurs et leur capacité à coopérer : salariés, collectivités locales, sociétés de transport, syndicats, associations, entreprises.
  • Enfin, les émissions économisées sont, même en cas de succès, assez limitées : les déplacements évités sont courts et concernent les seuls salariés habitant dans des quartiers denses ou voisins du site. Le coût par tonne de CO2 évitée peut s’avérer significatif.

Au total, nous espérons que ces expériences permettront aux acteurs de sélectionner les opérations les plus susceptibles de réussite. Nous souhaitons aussi que notre travail contribue à une réflexion plus globale sur nos structures urbaines et nos modes de vie, afin de privilégier leur conception durable à la mise en place a posteriori de solutions palliatives qui ne pourront qu’être des corrections généralement partielles et le plus souvent coûteuses.

Jean-Yves GILET, Président d’EpE