ETE 2030 – Etape 2030 de la transition écologique est une réponse à la question des actions qu’il faut avoir menées d’ici 2030 pour mettre la France sur une trajectoire crédible de transition écologique, en cohérence avec les engagements français et européens pour le climat et la biodiversité et avec la planification écologique menée par le gouvernement.

Quelles priorités mettre en œuvre ? Quels leviers actionner ? Comment conduire ensemble cette accélération de la transition écologique ? Lors de l’événement de lancement de l’étude, une quinzaine de CEO d’entreprises membres d’EpE ont présenté les principales réponses qu’apporte l’étude à ces questions.

Construire une vision partagée de la transition

Estelle Brachlianoff, Veolia
Pour la « sobriété » qui est une des principales réponses de l’étude, les Anglais emploient le mot « sufficiency » qui signifie utiliser juste ce qu’il faut, et pas plus. En japonais, c’est « shibui », que j’aime beaucoup parce que c’est un peu l’élégance de la forme juste qui ne consomme pas trop. […] Et donc, si on arrive à trouver non pas seulement le juste ce qu’il faut, mais qu’on y met un petit peu d’élégance, voire même de l’esthétique, c’est dans cette direction que j’aimerais qu’on creuse l’idée de sobriété. Les Français ont besoin qu’on leur décrive le monde vers lequel on va […], que les solutions soient là, que les efforts soient équitablement répartis, que ça serve à quelque chose de tracer un avenir désirable.

François Clément-Grandcourt, Bic Briquets
L’écoconception, les matières, la circularité… nos travaux, qui ont été faits avec des chercheurs internes et externes, nous amènent à une conclusion qui est toute simple : c’est possible. Il semblerait qu’il y ait un ensemble de règles relativement simples qui aiderait à faire cette transition. […]. Ça ne veut pas dire que ce soit facile, notamment ça coûte plus cher, mais c’est possible.

Boutaïna Araki, Cityz Media
Il faut qu’on donne envie aux gens de changer, et la publicité, de ce point de vue là, est très importante parce qu’elle aide à rendre sexy une consommation plus raisonnée. Raconter une autre histoire, développer des récits qui seraient compatibles avec les limites de la planète. Il faut donner aux gens des solutions faciles et qui fassent envie.

Construire des solutions sectorielles répondant à tous les enjeux

Thomas Buberl, AXA
Il faut comparer les coûts de l’inaction par rapport à ceux de la transition. Et rapidement, nous constatons que nous n’avons pas d’autre choix que de faire le pari de la transition. Chez AXA, par exemple, nous sortons progressivement du charbon en transférant ces montants vers des investissements verts. A l’époque, ce n’était pas si évident, car il fallait compenser les rendements. Aujourd’hui, ce n’est plus un sujet : les investissements verts sont au même niveau, voire plus attractifs.

Thierry Blandinières, InVivo
Les enjeux sont immenses pour l’agriculture : il faut résoudre l’équation de produire plus, mieux et durable. L’un de ces enjeux se situe dans les sols agricoles et se joue particulièrement au niveau des céréales. En pratiquant une agriculture dite régénérative des sols, les céréales françaises et européennes deviendront des puits de carbone, et donc une source de revenu complémentaire pour l’agriculteur. Si l’on veut changer d’alimentation il faut changer de modèle, et pour financer cette transition il faudra aussi qu’il y ait des clients qui acceptent de payer ce premium.

Gilles Bloch, MNHN
C’est très rassurant de constater que les entreprises se tournent vers la science. Le vivant décroît à une vitesse impressionnante et il ne faut pas attendre la génération d’après pour agir ; il y a aussi une perte de proximité avec nos racines animales et une perte de connexion avec le vivant. Il est dès lors impératif que les entreprises se saisissent de ces enjeux si l’on veut vraiment faire bouger les lignes et protéger la biodiversité des menaces qui pèsent sur elle.

Benoit Bazin, Saint-Gobain
Il y a 35 millions de bâtiments en France, dont la plupart seront encore là en 2050. Donc, il faut les rénover et pour ça, il faut de la visibilité, de la stabilité dans le temps des dispositifs réglementaires et financiers. […]. Au-delà, il faut flécher les aides sur les bâtiments les moins performants, ce qu’on appelle les bâtiments F et G, et faciliter tout le processus, créer une sorte de Doctolib de la rénovation énergétique. L’exemplarité doit aussi venir de l’Etat sur les bâtiments publics et des entreprises sur leurs propres bâtiments. Tout ceci est possible, car les solutions techniques existent.

Sébastien Petithuguenin, Paprec
Nous avons deux piliers pour réaliser l’économie circulaire des matériaux. Tout d’abord, le recyclage, qui implique l’extraction des matières premières contenues dans les déchets, et ensuite la sobriété. Le recyclage permet des économies massives de CO2 et les obligations d’incorporation de matières issues du recyclage accélèrent la transition vers une économie circulaire. La grande transformation industrielle passe également par l’éco-conception, en envisageant dès la conception la fin de vie du produit afin d’optimiser le processus de recyclage. Certains de nos partenaires industriels ont déjà relevé ce défi avec succès !

Mobiliser l’ensemble des acteurs

Philippe Maillard, Apave
Pour réussir cette transition, il faut des ressources humaines en qualité et en quantité. Il faut essayer de rassembler les énergies sur de nouvelles compétences et peut-être de bousculer un peu les choses établies. Dans le dialogue social, il faut que les entreprises soient capables de montrer le sens associé à ces métiers de la transition.

Patrick Koller, Forvia
En 2030, notre objectif, c’est de réduire le scope trois de 45 % et d’atteindre la neutralité carbone qualifiée SBTI en 2045. Mais 2030, pour nous, c’est deux générations de véhicules, donc, on n’a pas beaucoup de temps devant nous pour réussir à faire cela.

Thierry Beaudet, CESE
Il serait illusoire de penser la transition écologique comme une simple affaire technique. Se pose la question de la supportabilité pour nos concitoyens et de l’acceptabilité. Il faut […] chercher à aligner le plus complètement possible toutes les parties prenantes de la société. Les questions évoquées posent au fond des questions de gouvernance : de nouvelles modalités de fonctionnement de notre démocratie.

Jean-Marc Ollagnier, Accenture
Cette transition est complexe, car nous devons continuellement naviguer entre différents horizons géographiques et temporels : entre les impératifs globaux et locaux, car ce qui se décide au niveau national peut avoir des impacts à l’échelle mondiale et vice versa, et entre le court et le long terme, car les décisions doivent être prises aujourd’hui avec une vision à plus longue échéance. Etant donné les investissements colossaux nécessaires, nous avons besoin de plus de clarté et de stabilité sur le cadre réglementaire, afin de sécuriser et accélérer nos financements, malgré la volatilité de l’environnement macroéconomique et géopolitique.

Catherine MacGregor, Engie
Notre vision partagée de la transition énergétique repose sur la conviction qu’une transition verte accessible est possible et que les coûts peuvent être maîtrisés. Aujourd’hui, les solutions de décarbonation existent, elles sont matures et la moitié de ces solutions sont déjà disponibles à des prix compétitifs. Nous avons un devoir collectif de construire le système énergétique de demain, flexible, abordable et plus souverain ; et pour cela chaque effort et chaque investissement comptent.

François Petry (Holcim France), Laurent Bataille (Schneider Electric), Pascal Imbert (Wavestone), Jan Schouwenaar (Primagaz), Marie-Claire Daveu (Kering) et les dirigeants ci-dessus ont ensuite présenté les engagements volontaires des entreprises sur cinq initiatives existantes et trois nouvelles.

Patrick Pouyanné, TotalEnergies, a conclu l’événement :
Au-delà de nos collaborateurs, il faut aller vers nos autres parties prenantes, parce que, finalement, le succès de cette transition écologique, il est dans les entreprises, il est aussi, comme on l’a dit à plusieurs reprises, avec les pouvoirs publics, avec les citoyens. Les mots clés que sont sobriété, circularité, vivant sont les bons. Ce n’est pas la fin d’une étude, mais le début d’un engagement collectif : construire ensemble une nouvelle prospérité compatible avec les limites de la planète.